PAROISSE SAINT-MARTIN
71240 Sennecey-le-Grand
"Les Récits de la Passion"
par Michel Béatrix et Hervé Tharel - 18 juillet 2014
Commémoration du centenaire de la mort de Charles Péguy
Un homme, un cri : celui d'un poète - celui de l'Homme - les bras ouverts, vertical devant la mort, son angoisse et sa souffrance. Univers dépouillé où le temps se suspend pour remonter jusqu'à nous et, sur nous, repasser. Dans le "Gethsemani" de Péguy, la souffrance fait écho à l'angoisse et à l'amertume des "Avant-dernières Paroles de l'Homme" de Béatrix : la souffrance viscérale, la souffrance des entrailles puisque ce texte dit l'intuition, la perception, la vision de celle de la mère spectatrice cum-patissante de la souffrance physique de son enfant. Péguy nous prend de haut !... et nous redescend à un niveau commun d'humanité entre Dieu qui s'est fait homme et nous, nous invitant à considérer la perspective divine dans laquelle nous pouvons... devrions nous placer !
GETHSEMANI
Oser Péguy...! Pour se débroussailler l'esprit et fouler de plain-pied le Mystère humanisé de la Croix ; pour entendre ceux qui sont allés jusqu'au bout intoléré de leurs convictions.
Jésus déborde des Evangiles. A sa propre flamme, il se brûle. Découlée de la Passion, Marie s'écoule et se répand moins en fonte qu'en fusion de regrets et de déceptions, d'interrogations égales ; de doutes aussi ; de larmes enfin.
Jésus atteint son état absolu d'homme qui ne sait plus. Nous entrons dans le doute absolu, c'est-à-dire : conscient, c'est-à-dire : humain, quand la souffrance physique et morale est telle que la vie qui va nous être arrachée - à nous-mêmes et à la présence des autres - semble soudain privée de tout sens, de toute cause et de toute finalité.
"Et lui en lui-même il se disait : voilà ma mère, qu'est-ce que j'en ai fait..." ; "Elle pleurait, elle pleurait, elle ne comprenait pas très bien".
La méditation que propose ici Péguy sur la passion du Christ constitue un sommet de la littérature spirituelle. Sans céder au piétisme ni au dolorisme du début du XXème siècle, sa méditation des derniers moments de vie terrestre de Jésus commence par des considérations sur la dépression et la neurasthénie d'une singulière actualité.
AVANT-DERNIERES
PAROLES DE L’HOMME
Au soir de ce que l'histoire chrétienne nommera Jeudi Saint, Jésus le Nazaréen essaie de prolonger le temps de ce qu'il sait être son dernier repas partagé avec sa famille et ses amis.
Michel BEATRIX présente ainsi son texte : « Il est intéressant de noter qu'en 1970, jeune étudiant, je ne connaissais pas encore le Récit de la Passion. Il était pour moi naturel, évident de devoir écrire en vers ce récitatif, cette longue confidence, cette méditation limite, amère et nostalgique ; pour peut-être répondre et suivre mieux son appel : la pulsation plus intérieure que cérébrale du moment. La poésie jaillit, coule et s'écoule avec le flux-même des acceptations et des abandons finaux. Encore et toujours : l'alexandrin pour moi n'est pas une sophistication stylistique mais un écho de nos rythmes physiologiques.
Je ne m'explique pas l'audace, la curiosité qui m’ont poussé à faire parler Jésus, surtout à ce moment-là : la veille de sa Passion, de son Patissement. La veille : aussi bien l’avant que l’attente, ce moment particulièrement lourd et dense et chargé où le film d’une aventure, d’une vie qui va se jouer, s’achever, se met en espoirs et en doutes, en questions et en demandes… »
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